Annuellement, le ministère de la Sécurité publique fait paraître diverses statistiques concernant les infractions criminelles commises dans un contexte conjugal, afin de mieux cerner la problématique de la violence conjugale sur le territoire québécois.
Ces statistiques comptabilisent le nombre et le type d’infractions déclarées aux divers corps policiers du Québec, mais elles ne mesurent pas toute l’ampleur du phénomène sur le territoire.
À l’échelle de Montréal, les taux d'infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal qui ont été enregistrés ne montrent pas de variations considérables au cours des 5 dernières années. Les femmes continuent à être les principales victimes (82 %). Cette proportion a peu varié depuis 2008.
Source : Ministère de la Sécurité publique. Données du Programme DUC 2.
Les voies de fait continuent à être les principales infractions connues des autorités, suivies des menaces et du harcèlement criminel. La distribution des pourcentages entre les différentes problématiques est similaire d’année en année.
D’après le portrait1 régional des auteurs présumés d’infractions commises dans un contexte conjugal sur des femmes, selon la relation avec la victime et la catégorie d’infractions, les conjoints actuels seraient responsables de la plupart des cas.
Néanmoins, 30 % des agressions commises par des ex-conjoints confirment que la séparation ne garantit pas que la violence s’arrête. Aussi, la violence peut être présente dans le contexte des relations amoureuses non conjugales ou préconjugales, 16 % des agresseurs étant des amis intimes.
De tous les cas enregistrés par le Ministère, dont les victimes sont des femmes pour la grande majorité (77 %), il s’agit de voies de fait, ce qui peut être expliqué par le fait que les agressions sont plutôt connues des autorités quand la violence devient évidente et visible pour la victime ou son entourage.
Femmes victimes d'infractions commises dans un contexte conjugal, selon le groupe d'âge et la catégorie d'infractions dans la région de Montréal en 2010. Source : Ministère de la Sécurité publique | |||||||||
Catégorie d'infractions | 12-17 | 18-24 | 25-29 | 30-39 | 40-49 | 50-59 | 60-69 | 70+ | TOTAL |
Meurtre ou tentative de meurtre | 1 | 1 | 1 | 2 | 3 | 1 | 0 | 0 | 9 |
Agression sexuelle | 11 | 20 | 13 | 39 | 20 | 6 | 1 | 0 | 110 |
Voies de fait | 92 | 893 | 538 | 935 | 554 | 182 | 42 | 41 | 3 277 |
Enlèvement ou séquestration | 5 | 33 | 24 | 30 | 15 | 3 | 1 | 1 | 112 |
Harcèlement criminel | 13 | 84 | 61 | 107 | 67 | 16 | 2 | 3 | 353 |
Menaces | 20 | 115 | 91 | 160 | 105 | 37 | 3 | 6 | 537 |
Autres crimes avec violence | 1 | 15 | 12 | 23 | 15 | 6 | 1 | 1 | 74 |
Total | 143 | 1 161 | 740 | 1 296 | 779 | 251 | 50 | 52 | 4 472 |
Le profil de victimisation par groupe d’âge montre une plus grande affectation chez les femmes âgées de 18 à 24 ans et de 30 à 39 ans. Les filles de 12 à 17 ans sont proportionnellement plus affectées par les agressions sexuelles que les autres groupes d’âge.
En ce qui concerne la violence conjugale faite aux hommes, les voies de fait représentent le principal type d’agression, suivi des menaces et du harcèlement.
Les groupes d’âge les plus affectés sont les 30 à 49 ans. Les conjoints seraient responsables de la plupart des agressions, principalement des voies de fait.
Dans 29 % des cas, les ex-conjoints seraient les deuxièmes acteurs responsables de la violence, principalement à travers des voies de fait et des menaces.
Les amis intimes occupent le troisième rang des agresseurs en réalisant les mêmes actions que les autres auteurs, mais avec une plus grande utilisation du harcèlement criminel.
Hommes victimes d'infractions commises dans un contexte conjugal, selon le groupe d'âge et la catégorie d'infractions dans la région de Montréal en 2010. Source : Ministère de la Sécurité publique | |||||||||
Catégorie d'infractions | 12-17 | 18-24 | 25-29 | 30-39 | 40-49 | 50-59 | 60-69 | 70+ | TOTAL |
Meurtre ou tentative de meurtre | 0 | 0 | 1 | 1 | 1 | 0 | 0 | 0 | 3 |
Agression sexuelle | 0 | 0 | 1 | 2 | 0 | 0 | 0 | 0 | 3 |
Voies de fait | 8 | 102 | 110 | 251 | 172 | 71 | 23 | 16 | 753 |
Enlèvement/Séquestration | 1 | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2 |
Harcèlement criminel | 1 | 5 | 9 | 21 | 15 | 1 | 3 | 0 | 55 |
Proférer des menaces | 2 | 11 | 17 | 36 | 35 | 14 | 4 | 3 | 122 |
Autres crimes avec violence | 0 | 1 | 1 | 8 | 7 | 0 | 1 | 1 | 19 |
Total | 12 | 120 | 139 | 319 | 230 | 86 | 31 | 20 | 957 |
Nous observons un accroissement de près du double du nombre d'enfants victimes de mauvais traitements psychologiques depuis 2007 (Bilans annuels des DPJ-DP 2008 à 2014).
Statistiques 2013 sur la criminalité commise dans un contexte de violence conjugale au Québec - Source : Ministère de la Sécurité publique 20152
Nombre d'infractions dans un contexte conjugal par 100 000 habitants selon le groupe d’âge, par région, Québec, 2013 | ||||||||||
Région | 12 à 17 ans | 18 à 24 ans | 25 à 29 ans | 30 à 39 ans | 40 à 49 ans | 50 à 59 ans | 60 à 69 ans | 70 ans ou plus | Inconnu | Total |
Montréal | 121 | 1 165 | 845 | 1 412 | 884 | 391 | 90 | 37 | 17 | 4 962 |
Taux d'infractions dans un contexte conjugal par 100 000 habitants selon le groupe d’âge, par région, Québec, 2013 | ||||||||||
Région | 12 à 17 ans | 18 à 24 ans | 25 à 29 ans | 30 à 39 ans | 40 à 49 ans | 50 à 59 ans | 60 à 69 ans | 70 ans ou plus | Inconnu | Total |
Montréal | 111,4 | 594,7 | 520,8 | 450,4 | 327,4 | 150,5 | 46,6 | 16,8 | nil | 287,9 |
Les enfants exposés
Il n’existe pas de statistiques spécifiques à Montréal en ce qui concerne les enfants exposés à la violence conjugale. Les données pour l’ensemble du Québec figurent dans une enquête menée par l’Institut de la statistique du Québec, en 20123.
On y retrouve des informations concernant les enfants qui ont été exposés, selon les déclarations des mères, à différentes conduites violentes entre conjoints (les deux parents ou le parent, le conjoint ou la conjointe, l’ex-conjoint ou l’ex-conjointe).
Selon cette enquête :
Prévalence annuelle de l’exposition à des conduites violentes entre conjoints selon la forme de violence, enfants de 6 mois à 17 ans, Québec, 2012 | ||
Fréquence : au moins 1 fois sur 12 mois | Fréquence : 3 fois ou plus sur 12 mois | |
Violence verbale | 25,4 | 6,0 |
Violence psychologique | 5,6 | 0,7* |
Violence physique | 1,7 | 0,3** |
*Coefficient de variation entre 15 % et 25 %; à interpréter avec prudence. |
Au niveau de l’intervention en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse, à Montréal, en 2013-2014 :
L’exposition à la violence conjugale et familiale est comprise dans la définition des mauvais traitements psychologiques.
Des données supplémentaires pour le Canada et le monde peuvent être consultées sur :
Données au niveau du Québec11
Analyse des données précédentes :
1 Publié par le ministère de la Sécurité publique en 2012 d’après des données de 2010.
2 Nombre d'infractions dans un contexte conjugal et taux par 100 000 habitants selon le groupe d'âge, par région - Statistiques 2013 sur la criminalité commise dans un contexte de violence conjugale au Québec - Ministère de la Sécurité publique Date de publication : 2015.
3 CLÉMENT, Marie-Ève, Francine BERNÈCHE, Claire CHAMBERLAND et Catherine FONTAINE (2013). La violence familiale dans la vie des enfants du Québec, 2012. Les attitudes parentales et les pratiques familiales, Québec, Institut de la statistique du Québec, 146 pages.
4 Ibidem page 26.
5 Ibidem page 26.
6 Ibidem page 26.
7 Ibidem page 26.
8 Ibidem page 26.
9 Ibidem pages 69-70.
10 Source : Rapports d’activités [PDF]. [PDF].
12 CLÉMENT, Marie-Ève, Francine BERNÈCHE, Claire CHAMBERLAND et Catherine FONTAINE (2013). La violence familiale dans la vie des enfants du Québec, 2012. Les attitudes parentales et les pratiques familiales, Québec, Institut de la statistique du Québec, 146 pages, page 69.